L’accordeur de piano de Rosario

Une journée à Rosario en Argentine un dimanche d’automne, c’est comme un retour à un passé que nous n’avons pas vécu mais que nous connaissons parce que nous l’avons lu ou imaginé.
La ville présente un caractère dolent et suranné, l’air est comme doux et amer à la fois, on est bien mais on s’ennuierait presque, la vie est douce mais triste en même temps, alanguie.
On s’y promène comme on écoute un tango. Le tango, vous savez, ça fait du mal, mais ça fait du bien.
Arrivé au théâtre pour la répétition du concert du soir, j’assiste à un étrange spectacle, c’est l’accordeur, sur scène, derrière le piano de Bertrand Chamayou, qui fait les derniers réglages sur le  grand Steinway de concert.
La salle est presque vétuste, l’éclairage pâle, le décor d’un autre temps, c’est comme si on allait faire un concert au début du XXème siècle.
L’accordeur, lui, ne remarque rien de cette ambiance épaisse, il est concentré sur son travail, le geste est sûr et précis, il ne voit rien de l’agitation qui l’entoure, il doit finir rapidement avant le début de la répétition, avant même que trop de musiciens ne se soient installés pour se « chauffer ». Son travail à lui, personne ne le voit, personne ne le soupçonne, mais il est essentiel à la qualité de l’instrument, au jeu du pianiste, à la réussite du concert. Il est un de ceux que personne ne voit, que personne n’applaudit mais sans qui le concert ne serait tout simplement pas possible.
On dirait qu’il est seul dans son monde, imperméable et étranger à l’extérieur, il accorde le piano et il est totalement en lui-même, totalement dans le monde de ce piano là, sur cette scène d’un théâtre d’un autre temps du bout du monde.
Voilà, il vient de finir, il range ses outils dans une vieille trousse en cuir patiné, fait courir ses mains une dernière fois sur tout le clavier, s’attarde sur quelques octaves dans l’aigu, c’est bien, il a l’air content, le piano sera comme l’a demandé le soliste de ce soir.
Il relève la tête comme on interrogerait du regard, un jeune homme s’approche de lui, lui prend le bras et il s’éloigne lentement de ce monde qu’il semble quitter à regret.
Il a le regard vide et triste comme cette journée à Rosario, mais un sourire sur son visage indique qu’il est heureux de son travail pour le concert de ce soir.
Il s’en va doucement, un jeune homme l’accompagne, il est aveugle.

Claude Roubichou
piccolo solo, Orchestre National du Capitole de Toulouse

Argentine

La tournée de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse touche à sa fin avec un passage en Argentine. L’Orchestre s’est produit hier à Rosario au Teatro Fundacion Astengo et rejoint aujourd’hui la ville de Buenos Aires pour deux derniers concerts au Teatro Colon.

Programme :

Dimanche 20 mai     ROSARIO, Teatro Fundacion Astengo

DEBUSSY: Prélude à l’Après-Midi d’un Faune
RAVEL: Concerto en Sol
MOUSSORGSKY: Les Tableaux d’une Exposition (Orch. Ravel)

Lundi 21 mai             BUENOS AIRES, Teatro Colon

DEBUSSY: Prélude à l’Après-Midi d’un Faune
RAVEL: Concerto en Sol
BERLIOZ: La Symphonie Fantastique

Mardi 22 mai             BUENOS AIRES, Teatro Colon

MOUSSORGSKY: Khovantchina Introduction
LISZT: Concerto pour Piano n°1
MOUSSORGSKY: Les Tableaux d’une Exposition (Orch. Ravel)

Tugan Sokhiev, direction
Bertrand Chamayou, piano

Rio de Janeiro

Jeudi 17 Mai, l’Orchestre continue son marathon avec un concert dans cette magnifique salle de Rio, le Theatro Municipal.

Programme :

DEBUSSY: Prélude à l’Après-Midi d’un Faune
RAVEL: Concerto en Sol
BERLIOZ: La Symphonie Fantastique

Répétitions au Theatro Municipal de Rio de Janeiro

Répétitions au Theatro Municipal de Rio de Janeiro

Demain, repos avant de rejoindre l’Argentine pour les 3 derniers concerts de la tournée.

illustration de Christophe Vivies, basson Orchestre du Capitole

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São Paulo

L’Orchestre National du Capitole de Toulouse a donné hier le premier concert de sa tournée Amérique du Sud, dans la Sala São Paulo. Le pianiste solo Bertrand CHAMAYOU accompagnera l’Orchestre sur toute la tournée.

Sala São Paulo © Tuca Vieira

programme du concert du 15 mai

DEBUSSY: Prélude à l’Après-Midi d’un Faune
RAVEL: Concerto en Sol
BERLIOZ: La Symphonie Fantastique

programme du concert du 16 mai

MOUSSORGSKY: Khovantchina Introduction
LISZT: Concerto pour Piano n°1
MOUSSORGSKY: Les Tableaux d’une Exposition (Orch. Ravel)

Tugan Sokhiev, direction
Bertrand Chamayou, piano

L’Orchestre se produira ce soir dans la même salle, occasion de faire un peu de tourisme 🙂

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Voyage

Cette fois c’est un gros voyage, un gros avion. On part pour du loin. Douze heures de vol et un Atlantique plus loin, c’est São Paulo. Brésil, Amérique du sud. Arrivé à l’hôtel j’ai vérifié, dans la salle de bain l’eau disparaît en sens inverse des aiguilles d’une montre, on est bien dans l’hémisphère sud. En Allemagne, l’orchestre à beaucoup voyagé, il est rare de jouer dans une ville nouvelle et, hormis les nouveaux, chacun a ses marques un peu partout: une adresse de restaurant, un musée visité à la sauvette la dernière fois, des souvenirs de jogging ou de shopping, une anecdote locale… Maintenant, place à l’exotisme, à la découverte, pour un peu on se sentirait proche de Christophe Colomb! Reste à encaisser le décalage horaire avant le premier concert à São Paulo, une bonne journée de récupération, un peu de tourisme pour les plus courageux, avec toujours le souci de se préserver pour le concert qui vient. Faites nous confiance, nous serons en forme demain.

Claude Roubichou

Souvenirs d’Allemagne

Après un passage par la salle Pleyel et une ovation du public parisien, l’Orchestre National du Capitole s’est envolé hier pour São Paulo où il débutera sa tournée.
Aujourd’hui c’est jour de repos : indispensable pour récupérer d’une journée de voyage et d’une semaine éprouvante de tournée en Allemagne.
Comme en témoigne ce reportage photo signé Jean-Pierre Bouchard, l’Orchestre s’est produit dans des salles magnifiques.

« Nous avons fait deux magnifiques concerts à Cologne et Stuttgart, avec pour Cologne une salle d’une acoustique parfaite. En effet celle-ci nous a propulsé au meilleur de notre niveau et tout le monde s’est surpassé. Mannheim a été aussi une très belle expérience.
Les allemands ont vraiment beaucoup de chance de posséder une telle qualité acoustique pour leurs salles de concert. Cela nous laisse toutes et tous très admiratifs et envieux » (Arnaud Bonnetot, cor de l’Orchestre National du Capitole)

Rugby (à nos amis du Stade Toulousain)

Aujourd’hui c’est Paris, un concert particulier. Nous avons l’habitude de venir jouer ici plusieurs fois par saison: à Paris, « le Capitole » est devenu incontournable.
La Salle Pleyel est pleine, on joue à guichets fermés. Les musiciens attendent dans leurs loges et à l’arrière scène, concentrés sur l’événement. Comme toujours, ils jouent en noir.
C’est l’heure de rentrer sur le plateau, les régisseurs de scène donnent le top, l’orchestre se met en place, applaudissements nourris des spectateurs.
À l’ouverture du concert, Sandrine Tilly pour le Faune de Debussy. Sous les ordres de Tugan Sokhiev, le concert est lancé. On va assister à un grand concert dans la pure tradition toulousaine.
Le public parisien ne s’y trompe pas: à plusieurs reprises on nous a demandé s’il n’y avait pas possibilité de s’abonner pour les concerts de Toulouse à Paris.
Tout se déroule comme prévu. Les enchaînements, les lancements de jeux, maintes fois répétés pendant les séances de répétitions, la tactique orchestrée par Tugan Sokhiev, tous les fondamentaux sont en place. Rigueur, sérieux et travail, c’est le foncier qui permet au talent de s’exprimer. Dans un orchestre, c’est la force du collectif qui révèle les individualités.
Après la pause, la Symphonie Fantastique: tout un programme. La phalange toulousaine y récite sa musique comme le Stade récite son rugby, le public se régale.
À la fin, dernière partie, la Nuit de Sabbat. C’est un festival, ça ouvre dans tous les sens. La musique virevolte de pupitre en pupitre. C’est ça le jeu toulousain, de l’engagement, du talent, de la magie.
Plus que quelques mesures, la symphonie est terminée, les spectateurs sont conquis.
Deux bis en guise de tours de stade pour saluer encore une fois, les musiciens toulousains qui regagnent leurs loges en pensant déjà au concert d’après: c’est toujours le concert d’après qu’il faut gagner.
En tous cas, encore une fois, magnifique prestation toulousaine ce soir à Paris.
Ici, « on est chez nous, on vient, on gagne et on s’en va » (en Amérique du Sud!)

Claude Roubichou
piccolo solo, Orchestre National du Capitole de Toulouse

Stuttgart, Liederhalle – 20h

Avant de rejoindre Paris, pour un concert salle Pleyel, et de s’envoler pour l’ Amérique du Sud, l’Orchestre National du Capitole de Toulouse clôture ce soir à Stuttgart sa tournée allemande.

Liederhalle

Liederhalle

Programme

BERLIOZ: Le Carnaval Romain
BEETHOVEN: Concerto pour Piano n°3
MOUSSORGSKY-RAVEL: Les Tableaux d’une Exposition

Tugan Sokhiev, Direction
David Fray, Piano

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La bière de Cologne

Mercredi 9 mai, Cologne

La salle de la Philharmonie de Cologne est une salle magnifique, habillée de bois et de lumière bleue. Je me souviens du premier concert de l’orchestre dans cette salle, il y a bien des années, c’était un coup de foudre. Force est de constater qu’elle n’a pas pris une ride, tout juste si les fauteuils du public seraient à peine plus profonds et confortables de nos jours. L’orchestre s’y dispose tout en demi-cercle et chaque musicien a un contact visuel particulier avec ses collègues; dans une telle disposition, surtout nous dans l’harmonie, il y a une proximité et une complicité évidente: voir Gabrielle prendre sa respiration avant son premier solo de cor anglais du Sacré du Printemps, assister à sa participation physique à la musique, c’est presque une sensation de voyeur qui décuple le bonheur de participer soi-même. Toutes les énergies sont concentrées et la musique surgit de ce creuset rond de la scène comme l’or de l’athanor des alchimistes de jadis.

Le Sacre du Printemps, justement: poétique et sauvage déferlement d’un souffle puissant, presque primal. Assis au milieu de l’orchestre je ressens intensément cette force impérieuse du renouveau de la belle saison en Russie et je me souviens des descriptions passionnées qu’en fait Léon Tolstoï que j’aime. Mélange de sensualité, de passion, de force et de violence, c’est le printemps russe, c’est la musique de Stravinsky qui exige le meilleur de chaque musicien, sa concentration totale, son engagement physique et artistique sans réserve.

Il y a des moments de la vie d’un musicien qui sont magiques, le temps est à la fois suspendu et concentré, la vie est plus forte et la sensation du tout exaltée. C’est le Sacre du Printemps, ce soir à Cologne. Une salle exceptionnelle qui semble avoir été là juste pour ce moment, l’orchestre du Capitole au mieux de sa forme, le résultat d’un travail intense et riche, Tugan Sokhiev, immergé dans sa musique, rassemble toutes ces énergies, les applaudissements du public encore presque figé par tant de rythme, de poésie de violence et de force… et puis, dès la sortie de scène, la bière.

La bière offerte aux musiciens par l’equipe de la Philharmonie de Cologne, une habitude ici, la bière qui dit bravo, qui dit merci et à bientôt.

La bière de Cologne.

Claude Roubichou
piccolo solo, Orchestre National du Capitole de Toulouse

Cologne, Kölner Philarmonie – 20h

Pour sa quatrième et avant-dernière date allemande, l’Orchestre du Capitole se produira ce soir 20h, à Cologne au Kölner Philarmonie.

Kölner Philharmonie
© KölnMusik/Matthias Baus

Programme :
Boris Giltburg – Piano
Tugan Sokhiev – Direction


BERLIOZ: Le Carnaval Romain
RACHMANINOV: Concerto pour piano n°3
STRAVINSKI: Le Sacre du Printemps

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